jeudi 27 février 2014

La jeunesse sacrifiée dans la presse

Nouvelle enquête sur la jeunesse, ses peurs, son ressentiment, sa révolte à venir, …
Celle-ci est assez intéressante dans la forme et dans la manière. Je vais allier y regarder d'un peu plus près.

Mais, comment ne pas voir que ce type d'enquête commence à devenir un « marronnier » couru par la presse. On retrouve toujours la même dramatisation (« ça va péter ! ») et toujours la même lourdeur dans l'interprétation (la pauvre jeunesse victime des vieux salauds de 68tards et des vieux tout court). Mais la régénération est pour demain : ça va sauter et un nouveau Mai 68 va venir purifier le monde !

De ce point de vue, les titres dans le dossier du Monde me semblent très forcés par rapport aux analyses au fond assez mesurées et prudentes de Cécile Van de Velde et Camille Peugny. Voir Frustrée, la jeunesse française rêve d'en découdre, Cécile Van de Velde et Camille Peugny, in Le Monde du 25/02/2014. Il y a sur ce sujet une sorte de contrainte d'interprétation à gauche (la jeunesse victime de la société) comme à droite (la société est victime de la jeunesse) qu'il faut vraiment dépasser pour arriver à comprendre le phénomène.

C'est pourquoi, je préfère — et cela ne surprendra personne — les analyses pleine de sang froid d'Eric Deschavanne : Jeunesse révoltée, les raisons de la colère, in Le Figaro, 27/02/2014.


dimanche 23 février 2014

Complexité des sociétés et gouvernement démocratique

Un entretien paru dans Atlantico, 
Les sociétés sont-elles devenus tellement complexe qu'il est désormais impossible de les gouverner … ?

http://www.atlantico.fr/decryptage/societes-occidentales-sont-elles-devenues-tellement-complexes-que-gouverner-depasse-seuil-competence-elus-et-electeurs-nicolas-g-983291.html

mardi 11 février 2014

Un article d'Eric Deschavanne dans Atlantico

Voici le lien pour une article d'Eric Deschavanne sur le débat « genre » à l'école. Je le trouve remarquable.

http://www.atlantico.fr/decryptage/abcd-egalite-pouquoi-veritable-faute-vincent-peillon-est-pas-celle-que-on-croit-eric-deschavanne-976373.html

lundi 3 février 2014

Le genre !

Je suis troublé par la manière dont Marie Duru-Bellat, auteur estimable s'il en est, défend l'objectif scolaire (louable) de tordre le cou aux stéréotypes de genre. Voici la phrase qui me trouble (Cf. « La réussite scolaire passe par la fin des stéréotypes », Le Monde, Samedi 1er février 2014). Elle écrit : « Il ne s'agit pas de nier qu'il y a des hommes et des femmes, mais de poser tranquillement que, au-delà de ce qui est lié strictement à la reproduction (pour ceux et celles qui choisissent de se reproduire), tout est ouvert … ». Plus loin : « Au total, les stéréotypes du masculin constituent de fait un tel corset que, comme l'ont montré des travaux canadiens, l'affranchissement des stéréotypes de sexe s'accompagne d'une meilleure réussite scolaire : les élèves les plus brillants sont les filles un peu « masculines » et les garçons un peu « féminins » ».
Il me paraît très problématique de considérer  : 1) qu'au-delà de l'identité biologique (la reproduction), les genres masculins ou féminins ne sont que des stéréotypes ; 2) Au demeurant, Marie Duru-Bellat le reconnaît elle-même puisqu'elle parle de filles un peu « masculines » et de garçons « féminins » ; 3) Elle reconnaît donc un espace entre l'identité biologique reçue et l'identité que l'on se choisit (l'idéal de la totale liberté de se faire soi-même : self made man ou woman) ; 4) Dans cet espace intermédiaire, il y a encore deux positions possibles : celle qui relève, selon Marie Duru-Bellat des « stéréotypes » et une autre (mais laquelle ?) qui pourrait sembler légitime d'être homme ou femme.
Voici le critère du refus : « … dès lors que les homme se sentent contraints à être virils - ce qui peut aller jusqu'à la violence — et les femmes féminines — ce qui peut aller jusqu'à une obsession du regard d'autrui qui détruit toute autonomie personnelle, il est clair que les coûts de ces stéréotypes sont énormes sans qu'on perçoivent les avantages ! »

Sur ces quelques formules, je ferai quatre observations :
1) On peut d'abord envisager qu'un jeune individu pour se construire cherche à se viriliser à outrance et qu'une jeune « individue » tente de se féminiser à outrance. Cela s'appelle la quête d'identité, et, loin d'aboutir à la destruction de l'autonomie personnelle, ce travail réflexif sur soi participe à sa conquête. Je m'étonne que ce processus si bien identifié de l'adolescence soit à ce point méconnu par une sociologue de l'éducation aussi compétente.
2) Ensuite, quelle est l'autorité qui va décréter que telle manière d'être homme ou femme relève du stéréotype et telle autre d'un usage légitime de l'identité ? Sur un phénomène aussi subtil, aussi propre à la trajectoire individuelle, peut-on adopter un point de vue global et mécanique ?
3) Plus généralement, je vois dans cette démarche l'esprit d'une pédagogie qui cherche à éradiquer le préjugé avant même qu'il existe ; qui s'acharne de déconstruire avant même que rien ne soit construit. On voudrait que l'esprit critique règne en maître dès le berceau ; ou mieux que les enfants ne soient même pas effleurés par le préjugés qu'il soit raciste ou sexiste. Mais la lutte contre les préjugés ne saurait viser à les abolir, mais plutôt à les apprivoiser, à les maintenir dans le cadre de la civilité.
Il me vient parfois des pensées sexistes ou racistes, mais mon éducation m'interdit de les exprimer, car j'ai appris que c'était raciste ou sexiste. Un lavage de cerveau dans l'enfance à leur égard me rendrait beaucoup plus vulnérable à leur remontée soudaine.
4) Enfin, je ne crois pas que le but de l'éducation soit de « poser tranquillement que … tout est ouvert ». Non seulement parce que tout n'est pas ouvert (il y a aussi des règles auxquelles on doit obéir) ; mais en plus cette ouverture n'incite guère à la tranquillité : c'est plutôt l'angoisse qui serait au programme, comme quand on assène aux enfants cet impératif terrifiant : « mais, enfin, sois toi-même ! ». Je vois pour ma part les stéréotypes non pas comme des menaces à l'autonomie, mais des espaces d'expérimentations personnelles, des rôles à tester avant d'adopter celui qui fera de nous des adultes. J'entend bien qu'il y a toujours aussi des stéréotypes oppressifs et restrictifs, qui pèsent comme des carcans sur les personnes, mais la distinction entre les premiers et les seconds me semble devoir être faite dans la singularité des situations. Je préfère, la matière l'art de la jurisprudence, à la généralité aveugle de la loi.

A voir : le site ABCD de l'égalité,

Pourquoi fait-on des enfants ?

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