La
thèse de Piketty est présentée de manière très claire dans son introduction. A
partir d’un travail largement inédit sur les sources historiques, il s’agit pour
lui d’étudier la dynamique de la répartition des richesses, non seulement
entre, d’une part, les revenus du travail (ou production) et, d’autre part, les
revenus du patrimoine (ou capital) ; mais encore au sein du travail
(inégalité de salaires) et du capital. D’où ses trois idées principales :
1)
L’histoire économique n’est pas coupée de l’histoire politique : s’il y a
une réduction des inégalités dans les pays développés entre les années1900/
1910 et les années 1950/60, elle est avant tout le produit des guerres et des
politiques publiques qui les suivent. S’il y a une remontée des inégalités
depuis les années 1970/80 cela tient d’abord des politiques fiscales et
financières mises en place dans cette période.
2)
La dynamique de la répartition des richesses met en jeu de puissants mécanismes
de convergence et de divergence Il n’y a pas de loi
unique et spontanée du marché favorisant l’une plus que l’autre. Le marché est
ambivalent.
- Parmi
les forces convergentes, c’est-à-dire poussant à la réduction des inégalités,
la principale est le processus de diffusion des connaissances (qualification et
formation) qui permet à la fois une croissance générale de la productivité et
un équilibrage des places dans la société.
- Parmi
les forces divergentes, les deux principales sont le décrochage des plus hautes
rémunérations et le déséquilibre entre la part du capital et celle du travail
dans le revenu. Lorsque le gâteau global des revenus tend à croître d’une
manière plus modérée, et que le capital continue de rapporter davantage que le
travail, les inégalités inévitablement se creusent :
«
Dans des sociétés de croissance faible, les patrimoines issus du passé prennent
naturellement une importance disproportionnée, car il suffit d’un faible flux
d’épargne nouvelle pour accroître continûment et substantielle l’ampleur du
stock » (p. 54) « Il suffit donc aux héritiers d’épargner une part limitée des
revenus de leur capital pour que ce dernier s’accroisse plus vite que
l’économie dans son ensemble » (p. 55).
3)
Nous y sommes ! « Mes conclusions sont moins apocalyptiques que celles
[… de Marx]. Dans le schéma proposé, la divergence n’est pas perpétuelle,
et elle n’est qu’un des avenirs possibles. Mais elles ne sont pas pour autant
très réjouissantes. En particulier, il est important de souligner que l’inégalité
r (taux de rendement du capital) >
g (taux de croissance), principale
force de divergence dans notre schéma explicatif, n’a rien à voir avec une
quelconque imperfection du marché, bien au contraire : plus le marché du
capital est “ parfait ”, au sens des économistes, plus elle a de chances d’être
vérifiée [puisque c’est un choix
rationnel]. IL est possible d’imaginer des institutions et des politiques
publiques permettant de contrer les effets de cette logique implacable
— comme un impôt mondial et progressif sur le capital. Mais leur mise en
place pose des problèmes considérables en termes de coordination
internationale. Il est malheureusement problable que les réponses apportées
seront en pratiques beaucoup plus modestes et inefficaces, par exemple sous la
forme de replis nationalistes de diverses natures » (p. 57).
Plan du livre :
Partie
I — Revenu et Capital =
introduction aux notions et aux grandes lignes d’évolution
Partie
II — La Dynamique du rapport
capital/revenu — présente l’évolution à long terme du rapport
capital/revenu et du partage global du revenu national entre travail et
capital.
Partie
III — La structure des inégalités
Partie
IV — Réguler le capital — c’est
la partie politique.
A suivre
…
Merci
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