mercredi 16 juillet 2014

Capital et travail (Piketty suite)

La thèse de Piketty est présentée de manière très claire dans son introduction. A partir d’un travail largement inédit sur les sources historiques, il s’agit pour lui d’étudier la dynamique de la répartition des richesses, non seulement entre, d’une part, les revenus du travail (ou production) et, d’autre part, les revenus du patrimoine (ou capital) ; mais encore au sein du travail (inégalité de salaires) et du capital. D’où ses trois idées principales :

1) L’histoire économique n’est pas coupée de l’histoire politique : s’il y a une réduction des inégalités dans les pays développés entre les années1900/ 1910 et les années 1950/60, elle est avant tout le produit des guerres et des politiques publiques qui les suivent. S’il y a une remontée des inégalités depuis les années 1970/80 cela tient d’abord des politiques fiscales et financières mises en place dans cette période.

2) La dynamique de la répartition des richesses met en jeu de puissants mécanismes de convergence et de divergence  Il n’y a pas de loi unique et spontanée du marché favorisant l’une plus que l’autre. Le marché est ambivalent.
- Parmi les forces convergentes, c’est-à-dire poussant à la réduction des inégalités, la principale est le processus de diffusion des connaissances (qualification et formation) qui permet à la fois une croissance générale de la productivité et un équilibrage des places dans la société.
- Parmi les forces divergentes, les deux principales sont le décrochage des plus hautes rémunérations et le déséquilibre entre la part du capital et celle du travail dans le revenu. Lorsque le gâteau global des revenus tend à croître d’une manière plus modérée, et que le capital continue de rapporter davantage que le travail, les inégalités inévitablement se creusent :
« Dans des sociétés de croissance faible, les patrimoines issus du passé prennent naturellement une importance disproportionnée, car il suffit d’un faible flux d’épargne nouvelle pour accroître continûment et substantielle l’ampleur du stock » (p. 54) « Il suffit donc aux héritiers d’épargner une part limitée des revenus de leur capital pour que ce dernier s’accroisse plus vite que l’économie dans son ensemble » (p. 55).

3) Nous y sommes ! « Mes conclusions sont moins apocalyptiques que celles [… de Marx]. Dans le schéma proposé, la divergence n’est pas perpétuelle, et elle n’est qu’un des avenirs possibles. Mais elles ne sont pas pour autant très réjouissantes. En particulier, il est important de souligner que l’inégalité r (taux de rendement du capital) > g (taux de croissance), principale force de divergence dans notre schéma explicatif, n’a rien à voir avec une quelconque imperfection du marché, bien au contraire : plus le marché du capital est “ parfait ”, au sens des économistes, plus elle a de chances d’être vérifiée [puisque c’est un choix rationnel]. IL est possible d’imaginer des institutions et des politiques publiques permettant de contrer les effets de cette logique implacable — comme un impôt mondial et progressif sur le capital. Mais leur mise en place pose des problèmes considérables en termes de coordination internationale. Il est malheureusement problable que les réponses apportées seront en pratiques beaucoup plus modestes et inefficaces, par exemple sous la forme de replis nationalistes de diverses natures » (p. 57).

Plan du livre :
Partie I — Revenu et Capital = introduction aux notions et aux grandes lignes d’évolution
Partie II — La Dynamique du rapport capital/revenu — présente l’évolution à long terme du rapport capital/revenu et du partage global du revenu national entre travail et capital.
Partie III — La structure des inégalités
Partie IV — Réguler le capital — c’est la partie politique.


A suivre … 

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