Le
chapitre I est consacré à l’analyse des notions essentielles : production,
revenu, capital (patrimoine), rapport capital/revenu et taux de rendement du
patrimoine. On y retrouve le talent pédagogique de Piketty qui sait
hiérarchiser la complexité des données et aller à l’essentiel en termes d’ordre
de grandeur.
J’en
retire trois éléments essentiels :
• D’abord,
une définition claire du capital : « l’ensemble des actifs non humains qui
peuvent être possédés et échangés sur un marché ». Cela comprend le capital
immobilier (immeubles, maisons) utilisé pour le logement et le capital
financier et professionnel (bâtiments, équipement, machines, brevets, etc.)
utilisé par les entreprises et les administrations. Mais cela exclut ce qu’on
appelle le « capital humain » qui est hors possession (sauf dans le cas de
l’esclavage où l’humain n’est plus guère … humain) et hors échange. Le capital
peut être matériel (bâtiment) ou immatériel (brevet) ; logement ou
productif ; privé, public ou intermédiaire (associations, fondations,
Eglises). Mais cette définition claire du capital ne doit pas ôter l’idée que
le capital est une notion évolutive et relative dans l’histoire et la
géographie.
• Ensuite,
la clé de lecture principale développée par Piketty concerne le rapport entre
le capital (qui est un stock = quantité de richesses possédées à instant t) et
le revenu (qui est un flux = quantité de richesses pour une période donnée).
L’équation centrale est donnée (p. 92) : a = r x ß
r est le taux de rendement moyen du
capital (ce que ça rapporte). Par exemple, le capital (d’une terre agricole,
d’un appartement∞ …) rapporte 5% par an : r = 5
ß est le rapport capital/revenu. Par
exemple, si la valeur total du capital d’un pays représente l’équivalent de six
années de revenu national, on notera ß = 6 (ou ß = 600%).
è
Dans cet exemple : a = r (5%) x ß (600%)
= 30%.
Autrement dit, si le capital
(patrimoine) représente l’équivalent de 6 années de revenu national dans un
pays et si le taux de rendement moyen du capital est de 5%, alors la part du
capital dans le revenu national est de 30% (le reste étant fourni par le
travail de l’année). Cette formule est à la fois macro et micro : elle
permet d’analyser l’importance du capital au niveau d’un pays dans son
ensemble, voire de la planète tout entière ; mais aussi d’une simple
entreprise particulière.
• La
fin du chapitre est consacrée à l’analyse des inégalités mondiales et des
processus de convergence/divergence depuis le XVIIIe siècle ; voici sa
conclusion : « L’expérience historique suggère que le principal mécanisme
permettant la convergence entre pays est la diffusion des connaissances, au
niveau international comme au niveau domestique. Autrement dit, les plus
pauvres rattrapent les plus riches dans la mesure où ils parviennent à
atteindre le même niveau de savoir technologique, de qualifications, d’éducation,
et non pas en devenant la propriété des plus riches. Ce processus … est
souvent facilité par l’ouverture internationale et commerciale, et surtout il
dépend de la capacité des pays à mobiliser les financements [permettant de
faire progresser cette formation]. Il est
donc intimement lié au processus de construction d’une puissance publique
légitime et efficace » (je souligne — p. 123). Le marché ne permet
pas, à lui seul, de produire ce take of.
à suivre …
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