vendredi 18 juillet 2014

Qu'est-ce que le capital ? (Piketty suite)

Le chapitre I est consacré à l’analyse des notions essentielles : production, revenu, capital (patrimoine), rapport capital/revenu et taux de rendement du patrimoine. On y retrouve le talent pédagogique de Piketty qui sait hiérarchiser la complexité des données et aller à l’essentiel en termes d’ordre de grandeur.
J’en retire trois éléments essentiels :
• D’abord, une définition claire du capital : « l’ensemble des actifs non humains qui peuvent être possédés et échangés sur un marché ». Cela comprend le capital immobilier (immeubles, maisons) utilisé pour le logement et le capital financier et professionnel (bâtiments, équipement, machines, brevets, etc.) utilisé par les entreprises et les administrations. Mais cela exclut ce qu’on appelle le « capital humain » qui est hors possession (sauf dans le cas de l’esclavage où l’humain n’est plus guère … humain) et hors échange. Le capital peut être matériel (bâtiment) ou immatériel (brevet) ; logement ou productif ; privé, public ou intermédiaire (associations, fondations, Eglises). Mais cette définition claire du capital ne doit pas ôter l’idée que le capital est une notion évolutive et relative dans l’histoire et la géographie.
• Ensuite, la clé de lecture principale développée par Piketty concerne le rapport entre le capital (qui est un stock = quantité de richesses possédées à instant t) et le revenu (qui est un flux = quantité de richesses pour une période donnée). L’équation centrale est donnée (p. 92) : a = r x ß
            r est le taux de rendement moyen du capital (ce que ça rapporte). Par exemple, le capital (d’une terre agricole, d’un appartement∞ …) rapporte 5% par an : r = 5
            ß est le rapport capital/revenu. Par exemple, si la valeur total du capital d’un pays représente l’équivalent de six années de revenu national, on notera ß = 6 (ou ß = 600%).
            è Dans cet exemple : a  = r (5%)  x ß (600%)  = 30%.
            Autrement dit, si le capital (patrimoine) représente l’équivalent de 6 années de revenu national dans un pays et si le taux de rendement moyen du capital est de 5%, alors la part du capital dans le revenu national est de 30% (le reste étant fourni par le travail de l’année). Cette formule est à la fois macro et micro : elle permet d’analyser l’importance du capital au niveau d’un pays dans son ensemble, voire de la planète tout entière ; mais aussi d’une simple entreprise particulière.

• La fin du chapitre est consacrée à l’analyse des inégalités mondiales et des processus de convergence/divergence depuis le XVIIIe siècle ; voici sa conclusion : « L’expérience historique suggère que le principal mécanisme permettant la convergence entre pays est la diffusion des connaissances, au niveau international comme au niveau domestique. Autrement dit, les plus pauvres rattrapent les plus riches dans la mesure où ils parviennent à atteindre le même niveau de savoir technologique, de qualifications, d’éducation, et non pas en devenant la propriété des plus riches. Ce processus … est souvent facilité par l’ouverture internationale et commerciale, et surtout il dépend de la capacité des pays à mobiliser les financements [permettant de faire progresser cette formation]. Il est donc intimement lié au processus de construction d’une puissance publique légitime et efficace » (je souligne — p. 123). Le marché ne permet pas, à lui seul, de produire ce take of.
à suivre … 

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